Muet,
immobile, à genoux sur la glaise froide,
L'homme
– silhouette, ombre, cadavre roide -
Pense.
Les yeux levés vers le ciel absent
Il
prie, jure, anathème, qu'importe ? Il songe.
Regrets
durs, lancinants, mordants, remords qui rongent.
Crimes,
folies, délires, délits indécents ?
Dix
jours, dix mois, dix ans – l'oiseau dans la cage
Ne
compte pas. Rêve, vol ou carnage, il rage.
Tout
autour de lui, silencieux et volubiles
Volent,
dansent, les mots des ci-devant damnés
Écrits
dans le sang, dans les larmes, dans la bile
Reclus,
fers aux idées comme aux pieds, condamnés
À
être perdus ! Ni foi ni rêves ; désespoir !
L'aumônier.
Comme si en Enfer on pouvait croire !
Hérétiques,
tous ceux-là qui frappent leurs crânes
Contre
les murs, vacarme à lever les mânes !
Nul
dieu, nul sauveur dans les murs d'une prison.
Cris
des meurtriers, terrible et lugubre son !
Il
y a-t-il des Walkyries pour les guerriers
Morts
dans la tourbe des cachots, silences charriés
De
crépuscule en crépuscule par les vents d'Est
Jusqu'à
ce que – un jour viendra ! - hurlent leurs restes ?
Mais
vois ! Il s'est levé, chancelant dans sa geôle
Ses
mains se crispent sur les barreaux de la tôle.
Regarde-le,
passant ! Cet homme-là ne crie
Ni
pour de l'or, ni pour du pain, non, il s'écrie,
Il
supplie, requête incessamment rejetée,
Pour
un souffle de lumière, d'éternité
Un
ciel, Dieu, une poignée de fraternité
Un
reste d'air, une gorgée de liberté !
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