samedi 28 juin 2014

Sommeil des écrans

Sommeil des écrans
Toutes voix en veilleuses
crystal color... je reprends !
les morts ne sont plus bien sérieuses
depuis qu'on se survit filigrane
Hamlet tire-toi ton désuet crâne
n'amuse plus ! clique un coup parle en silence
sûr qu'elle t'écoute l'âme d'Emrick qui s'élance

au ciel du virtuel...

de port en port
voyagent des messages
d'amour obscènes en bits
fracture grave du ressort
qui liait aux hommes le fol le sage...
nuit ! longue litanie je te récite :
"mes citadelles frappées par un bug rieur
protège et dispose Seigneur modérateur !"

quel étrange insecte...

je fuis cette secte
mieux baiser Son Calvaire
que ces lèvres plaquées verre !
enfants, forniquez s'il vous plaît
en toute épaisseur ! c'est par trop laid
vos masturbations solitaires et pucelles...
je l'avoue je préfère à toutes celles
que je n'ai vues celles que je ne reverrai

on en hurlerait...

"tu ne crois donc pas
qu'il est là quelque appas
pour toi vieux chasseur de rêves ?"
vrai, ma Voix ; mais ce qui se lève
derrière est un monstre de vies vides
et je refuse que viennent des rides
à ces visages alors qu'encore nubiles
du viol de la terre ou de la mer aux longs cils...


"Silence et contemple !"

Oublier que là où riaient des halliers les temples
rien ne sera par un pied vif effarouché ?
C'est donc la corde du monde qu'il faut lâcher ?..


                              
                                                            Jérôme, 28 juin 2014
                     

vendredi 27 juin 2014

Angoisse


Angoisse.
Tu serres mon cœur
Dans ton étreinte basse.
Entre quiétude et terreur
Chaque jour, tu me glaces.

Est-ce ton souffle froid
Qui glisse sur mon visage ?
Est-ce toi qui me regarde
Comme on admire un paysage ?

Tu es là, donc je ne suis jamais seul.
Ta main sur mon épaule,
Tes doigts qui m’effeuillent
Et me laissent sur scène sans rôle.

À chaque silence que je m'admets,
Tu t'instilles un peu plus dans ma chair
Au venin de mes nuits trop claires
Un jour, je succomberais.

jeudi 26 juin 2014

Reflet


Entre méduses dégénérées
Et couloir irrationnels
Mes visions ensommeillées
Sont des cauchemars irréels.

Les crabes araignées parcourent
Mes membres qui tremblent,
Et me portent à l'océan.
Je sens que s'envole ma bravoure.

Je m'enfonce dans l'eau glacée,
Les bras liés par des algues translucides
Je me débats, mes liens sont solides
Ils m'emportent, je ne peux lutter.

La chute paraît sans fin
Dans ces eaux sans fond.
Et quand je ne vois plus rien,
Je sens les caresses du démon.

Il est là, silhouette imberbe et blanche
Qui flotte à mes côtés et me suit.
Son regard me perce et mon cœur flanche
Vers ses froideurs et ses abysses.

Je ne cherche plus à m'échapper
Car j'ai vu qu'il était innocent.
J'ai même compris, en me réveillant,
Que dans une écaille, j'avais eu peur de mon reflet.

samedi 21 juin 2014

Sable et Sel



Il ne veut plus, ne veut plus, écrire de poèmes
rire au-dehors, il sait ce son, ce rire qu'il aime
route, grand bras noir, route aux grands bas noirs
comme en guerre l'heure sonne, il faut ce soir

Partir et ne pas tourner les yeux – ni de l’œil :
lâcher les poids de trop, pensées, livres et recueils
crois-tu pas que sans pages aussi bien tu cueilles
le rare oiseau requis en l'ordre épars des feuilles ?

Il va : il a foi et puis qui ne sait que chaque
cité et les talons des prostituées claquent
le pavé entrelacé d'enfants dans la poussière
tient haute sa part de beauté, la déploye fière

En vue de la revue que notre poète un instant
silencieux viendra insoucieux passer au temps
des caracos rouges ouverts sous le soleil sévère
saison propice que celle-ci ciel découvert !..

Je suis l'autre : je ne pars pas, j'attends mon tour
et quand mon cri-porteur – départ ! – saute en ses bottes
à son oreille attentive je souffle et chuchote
quelques brèves selon quelles il est un retour.

Il trouvera dans son lit – lisez sous sa plume
la même nuée dénudée que cette nuit :
c'est qu'il s'agit d'amour !.. ça, jamais je ne fuis ;
comme un linge agité au loin sa garret' fume...



Jérôme, 21 juin 2014

mercredi 18 juin 2014

Souffle

Le silence, mon frère secret,
Qui n'accepte de se dévoiler
Que lorsque vous êtes évaporés
Et me susurre des symphonies d'Alizés.

Il me raconte les jours passés
Quand je n'existais pas,
Et quand je l'abandonnerai
De susurrer, il continuera.

Ainsi, je ne suis qu'un coup de vent
Frôlant la peau de l'univers
Et m'évanouissant,
En l'air.

Je souffle
Et je suis enchanté
Et puis je suis attristé
De l'avoir perdu, mon souffle.

Que sont beaux les reflets du soleils
Sur les bords de la rivière.
Mes vies, qu'elles sont belles,
Au Ciel, comme sur la Terre.

lundi 16 juin 2014

Chronométriques - Romance ratée



C'est dommage, tu étais jolie :
je me sentais d'humeur et de taille
à faire pour toi quelques folies
voir même à la jouer un rien canaille.


Mais tes grands yeux trop vides
annonçaient pour un jeune poète
un goût de rien-du-tout trop acide
dans ta charmante petite tête !


Et puis cette main toujours fermée
sur l'oracle mystique à l’œil de verre
attendant le tremblement... non mais !
crois-tu qu'avec ça l'on fasse un vers ?


Zut ! plutôt courir à tout jamais
portant ces images qui résonnent
que de capituler et rimer
beauté qui m'étonne et téléphone !




                                                Jérôme, 16 juin 2014 (3 min.)

dimanche 15 juin 2014

Chronométriques - Vagabond


Chronométriques - Vagabond



Oh !.. une famélique silhouette.
Je t'aime et ta main tendue rejette,
infirme miraculé de la Cour,
blessure des villes au grand jour.

Tous deux – nous portons une faim
qui ne se comble pas d'eau ou de pain :
toi de vengeance et moi d'azur.
Et donc ici-bas traînons la chaussure.

!.. grande culbute des poètes et mendiants :
nos bosses font couronne de diamants,
qui, je sais !.. fait s'enfuir les belles,
mais baste !.. à toi le vin, à moi celle

qui me noie comme une ivresse
et dans la nuit je me redresse
porté par une peu commune fièvre :
au diable les vers doux et mièvres !

Je veux à plein gosier entonner
de sombres stances et le glas sonner
pour l'arrivée nombreuse des Sentinelles
et des cris, des voix, qui s'emmêlent !


Jérôme, 14 juin 2014, (2min.)

Voix d'enfant




Voilà : à la craie, prudent, j'ai tracé ta place.
Une pierre, là, et pour tes gestes un vaste espace.
Je me suis tu. J'attends, maintenant, que tu viennes.
Il n'y a pas de jour ; j'ai tiré les persiennes.

Tiens !.. Regarde : j'ai tué – pour toi – des oiseaux.
Je ne voulais pas qu'ils fuient au loin là-haut
puis, est-ce pas joli, ce tapis de couleurs
comme un second ciel ? Pour toi, toutes ces douleurs !

Et même moi aussi je serai, comme eux,
couché dans mon sang, dans mes plumes, si tu veux,
et tu me regarderas la lèvre humide et l’œil en feu.


Ton visage, je le saurai : jamais je ne t'ai vue,
mais ton nom était de toutes les entrevues
avec mes pères : ils te disent la Belle Dame,
et que sous la soie ta peau brûle comme la flamme

le son de ta Voix que toutes ces nuits j'ai appris...
je veux poser mes lèvres sur celles de ton Cri !..
noyer, d'abord, tous mes doutes dans tes caresses,
puis me pendre à la longue corde de ta tresse !


J'y suis toujours, dans mon lac d'oiseaux dépareillés
cicatrice au ventre et tout prêt à appareiller
vers la tenture de sang versé, vers l'envol
vers tout ce que ce monde à notre amour vole...

ici-bas les formes tracées restent tracés vides
et nulle pierre lancée sur l'eau qu'elle ride
ne fait rien oublier et l'azur insolent
luit encore de corps et de voix s'y mêlant...



                                                               Jérôme, 14 juin 2014

samedi 14 juin 2014

À petits pas

Est-ce la beauté qui se meurt
Ou mon cœur qui se voile ?
Mes yeux ne peuvent voir
Que des plaines de douleur.

Je marche sur mes gardes,
Sur ce terrain desséché,
Où plus une fleur
N'expose son art

Vous qui m'exposez
Votre face si laide,
Et votre corps,
Mon dieu, si grossier,

Qu'ai je donc fait pour cela ?
La vengeance que vous perpétrez,
Serait-elle provoquée
Par mes mots désirables ?

Quoi qu'il en soit
Partez, je vous en prie
Laissez moi vivre
Sans subir tant d'émoi.

Permettez moi de m'enfermer
À l'extérieur de votre cellule.
Où volent les mots
Et  chantent les oiseaux.

jeudi 12 juin 2014

Contes Musicaux - sur Symphony n°4 (op. 36), Piotr Illitch Tchaikovskï


Il y a là une grande forêt où flottent des paroles, lourdes de sens et surprenantes, torrentielles et inaudibles à travers le vacarme de leur multitude. Un jeune regard les interroge, un regard grave comme les yeux d'une tombe, mais si jeune !.. si jeune que la tempête ne s'est pas encore calmée, qui gronde en lui, venue, venue d'avant !.. si jeune que la tempête qui gronde et fait rage au-dehors, venant tout droit des profondeurs immenses de la forêt – qui s'étend à perte de vue – ne lui fait pas peur. Il ne sait pas, ce jeune regard, ce que c'est que la mort ; et peut-être, protégé de toutes parts par les remparts que lui fait son ignorance, pourra-t-il ne jamais mourir.

Il fixe le vent, curieux. Qu'est-ce que cette colère qui se déchaîne dans l'air, cette soudaine fureur du vent ? Est-ce parce qu'il aime tant les vieux arbres majestueux qu'il les ploie jusqu'à les briser presque ? Nadiaïevna, la fille de la vieille femme, est avec lui comme ce vent est avec les hauts sapins mélancoliques, et lui aussi est comme ces rameaux qui se tournent et se retournent en tous sens en gémissant, girouettes soumises aux forces de la grande colère qu'est le vent. Il lui dira, à Nadia, il lui dira. Il sait maintenant la raison des cris et des coups, des haines et des larmes. C'est – et en cet instant le jeune regard se sent toucher le fond, les soubassements du monde qui l'a toujours entouré et qui lui a toujours échappé – c'est que tous s'aiment, mais ne peuvent se fondre l'un en l'autre, et le dépit qui naît de l'amour insatisfait, c'est cela, et cela seul, qui engendre la colère et la douleur. Il ouvrira ses petits bras et ses grands yeux, donc, à Nadia, et elle se calmera, et elle cessera les coups et les hurlements tout le long du jour, hurlements que l'habitude a si bien dénués de sens qu'ils ne sonnent plus que comme une longue et vague mélopée, une sorte de tradition, la vie dans ces cœurs frustrés et jetés les uns vers les autres.

Soudain, jailli des ombres et plus noir qu'elle, sorti du vent et plus furieux que lui, un grand corbeau noir, presque plus grand, avec ses ailes étendues, que l'enfant, vient s'abattre, en un grand fracas de plumes, dans la neige à ses pieds. Il ne bouge plus, et très vite, la neige commence à le recouvrir. Surpris, le jeune regard se penche sur l'oiseau si subitement immobile. Des faisceaux de pensées caressées, entrevues, pas même exprimées, se meuvent derrière les grands yeux. Il a le pressentiment de s'être trompé, et que peut-être c'est dans le grand fracas des plumes et le silence qui a suivi qu'est le mystère et la raison des cris et des coups, des colères et des chagrins, et des stridentes mélopées de Nadia. Il ne sait pas, il ne sait plus. Il reste là, il fixe le ciel, et cette fois-ci il a peur, une peur sans fondement ni but, qui se contente, sans se dévoiler, de sourdre lentement au fond de lui-même. Il ne bouge plus ; mais il est devenu mortel, et le vent et la grande forêt ne le reconnaissent plus, ni le froid, qui s'attaque à lui – le froid qu'il aimait tant !.. et il fuit vers les maisons et le village, et vers les cris de Nadia, qui maintenant l'effraient moins que la grande forêt et la fureur de l'air qui se jette à bras-le-corps sur les arbres et sur le sol, et qu'il ne comprend pas... qu'il ne comprend plus...

mercredi 4 juin 2014

Jouet

Mon petit jouet
Mon petit enfant
De bois lustré
Tu vis, tu vis.

Je t'ai façonné, je t'ai poli
Pour t'animer, te donner la vie
Et maintenant, tu me réponds
Tu me montres ton beau sourire.

Une larme de bonheur
Coule sur ma joue ridée
Lorsque tu danses
Sur mon atelier

Toi qui m'a été enlevé
Tu me reviens enfin.
Toi qui était parti
Tu as retrouvé ton chemin.

Que vais-je faire de mes mains
Maintenant que tu es là
Te cajoler toute la journée ?
Mais bien sûr, viens là.


Puis vient le moment,
De lâcher la croix d’attelle
De te laisser, encore une fois tomber
Dans ton tendre sommeil.

Soleil

Que ce soit le ciel bleu,
Le soleil brûlant,
Ou les oiseaux heureux,
Ils me sont tous indifférents.

Avançons ensemble
Malgré tout cela
Malgré leur futilité
Tout sauf innocente.

Je ne veux que de l'eau,
Claire et fraîche
Pour nous porter, nous soutenir
Puis nous couler, sans ressentiment.

Alors, tout sera vrai,
Mais ce sera fini.
Nous ne pleurerons pas,
Rien n'aura d'importance.