"Qu'elle avait dix sept ans, qu'elle a l'éternité !"
Mallarmé, "Sa fosse est creusée!.."
Quoi ?! Encore défier
le ciel ? Vivre seul ?
Plutôt, ô noir archange,
étends çà mon linceul.
Vivre ! Quand le vent
qui passe souffle ton ombre
Quand j'entends chaque
soir hurler dans les rues sombres
Où s'agite mon cœur, ton
nom ? Errer, encore,
Quand mes caresses
aërisées crient après ton corps ?
Jamais plus !.. j'ai
jeté comme un gant au monde
Les mots terribles, noirs
comme du Styx l'onde
Hier... mais hier
aujourd'hui n'est plus qu'un rêve mort !..
Jamais plus !.. ne te
voir rehausser les aurores
Des si doux orbes de ton
sourire au réveil !
Rester seul avec moi-même,
dans les trop longues veilles !
Courir !.. fuir !..
et te chercher dans chaque odeur,
Dans chaque rire, dans
toutes les couleurs
Rêver de nos corps
embrassés la superbe toile
De ton œil embrasé la
scintillante étoile !
Descendre, enfin, si
lentement, les degrés
Vers le repos final, vers
le nuptial lit de grès,
Quand je pourrais ici,
dans le jour qui expire
Courir à ton sépulcre ;
un soupir, puis mourir !
Arya ! Un geste ;
effleure ma paume de tes doigts,
Que je sache, que je
croie, que tu es encore à moi
Dans l'au-delà !..
Que notre amour y survit !
Dis-moi !.. Mais
l'enfer reste de glace ; j'envie
Ton sort ! Car si ton
cœur ne bat plus sous ton sein,
Si de marbre est
maintenant son beau dessein
Tu as arraché le mien
d'un trop jeune corps
Où, tenace et vain, le
souffle persiste encore !
Tu as, jalouse, ensevelie
à tes côtés
Mon âme, offrande suprême
à ta beauté
Déposée sur tes lèvres
à l'heure de ta mort !..
Ne laissant qu'un spectre
rétif, demi-mort !
Jérôme,
26 janvier 2014.
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