mercredi 15 janvier 2014

Melancholia


 
Capitale de la douleur, cette cité
Où n'éclosent, en fait de roses et pâles bouquets,
Que les fleurs du mal ! Moi, je surplombe, attristé,
La Seine qui s'enrubanne entre les taquets.

Jolie jeune veuve, coquette noir vêtue
Je voudrais quelquefois, tu sais, me passer au doigt
L'anneau des noyés ! Prendre ton amour qui tue
Danser dans tes eaux, ô ma rivière ! Avec toi !

C'est en ces heures – quand, au loin, j'entends sonner
Les cornes de brumes des clochers, ressassant
L'appel aux naufragés des villes, résonner
Les pas légers – où vont-ils ? – des derniers passants,

C'est en ces heures, que tu viens, Melancholia,
Fidèle à mon âme comme un spectre à ses murs
Joncher mes vers de chrysanthèmes et camélias
Moduler, ma compagne, tes longues complaintes

Prends ma main ! Enlaçons-nous ! Jette ce sombre voile !
Esquissons une valse divine, un pas de spleen
Glissons sur les pavés, gisons sous les étoiles,
Ô ma charmante amoureuse, ô mon Ombeline !

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