dimanche 15 juin 2014

Voix d'enfant




Voilà : à la craie, prudent, j'ai tracé ta place.
Une pierre, là, et pour tes gestes un vaste espace.
Je me suis tu. J'attends, maintenant, que tu viennes.
Il n'y a pas de jour ; j'ai tiré les persiennes.

Tiens !.. Regarde : j'ai tué – pour toi – des oiseaux.
Je ne voulais pas qu'ils fuient au loin là-haut
puis, est-ce pas joli, ce tapis de couleurs
comme un second ciel ? Pour toi, toutes ces douleurs !

Et même moi aussi je serai, comme eux,
couché dans mon sang, dans mes plumes, si tu veux,
et tu me regarderas la lèvre humide et l’œil en feu.


Ton visage, je le saurai : jamais je ne t'ai vue,
mais ton nom était de toutes les entrevues
avec mes pères : ils te disent la Belle Dame,
et que sous la soie ta peau brûle comme la flamme

le son de ta Voix que toutes ces nuits j'ai appris...
je veux poser mes lèvres sur celles de ton Cri !..
noyer, d'abord, tous mes doutes dans tes caresses,
puis me pendre à la longue corde de ta tresse !


J'y suis toujours, dans mon lac d'oiseaux dépareillés
cicatrice au ventre et tout prêt à appareiller
vers la tenture de sang versé, vers l'envol
vers tout ce que ce monde à notre amour vole...

ici-bas les formes tracées restent tracés vides
et nulle pierre lancée sur l'eau qu'elle ride
ne fait rien oublier et l'azur insolent
luit encore de corps et de voix s'y mêlant...



                                                               Jérôme, 14 juin 2014

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