Voilà : à la
craie, prudent, j'ai tracé ta place.
Une pierre, là, et pour
tes gestes un vaste espace.
Je me suis tu. J'attends,
maintenant, que tu viennes.
Il n'y a pas de jour ;
j'ai tiré les persiennes.
Tiens !.. Regarde :
j'ai tué – pour toi – des oiseaux.
Je ne voulais pas qu'ils
fuient au loin là-haut
puis, est-ce pas joli, ce
tapis de couleurs
comme un second ciel ?
Pour toi, toutes ces douleurs !
Et même moi aussi je
serai, comme eux,
couché dans mon sang,
dans mes plumes, si tu veux,
et tu me regarderas la
lèvre humide et l’œil en feu.
Ton visage, je le
saurai : jamais je ne t'ai vue,
mais ton nom était de
toutes les entrevues
avec mes pères :
ils te disent la Belle Dame,
et que sous la soie ta
peau brûle comme la flamme
le son de ta Voix que
toutes ces nuits j'ai appris...
je veux poser mes lèvres
sur celles de ton Cri !..
noyer, d'abord, tous mes doutes dans tes caresses,
puis me pendre à la longue
corde de ta tresse !
J'y suis toujours, dans
mon lac d'oiseaux dépareillés
cicatrice au ventre et
tout prêt à appareiller
vers la tenture de sang
versé, vers l'envol
vers tout ce que ce monde
à notre amour vole...
ici-bas les formes
tracées restent tracés vides
et nulle pierre lancée
sur l'eau qu'elle ride
ne fait rien oublier et
l'azur insolent
luit encore de corps et
de voix s'y mêlant...
Jérôme, 14
juin 2014
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