samedi 3 août 2013

Prose #1

Les rires et les cris des jeunes gens viennent rebondir en nombres sur les murs, avant de me transpercer de part en part, me laissant sans défense. Au fur et à mesure que j'avance calmement, des centaines de corps me frôlent, me bousculent. Chaque contact déclenche en moi une réaction de dégout et de résignation. Mon envie de fuir, de me transformer, et de m'élever vers les cimes d'acier a disparue. Avec elle s'en est allé mon inconscience, alors est arrivée la peur.
La peur est une deuxième ombre, elle est mouvante car elle l'incarnation de votre futur qui se matérialise un peu plus à chaque inspiration. Je continue à marcher, à respirer, à regarder droit devant moi. Autour de moi, les gens semblent avoir un but, tous autant qu'ils sont. Ils semblent espérer quelque chose, un futur meilleur, ils semblent viser quelque chose. Moi je n'ai pas de chance je suis lassé de tout. J'ai essayé d'explorer le monde, tout ce que j'en ai retenu c'est le côté dérisoire du monde et de la vie. Au fur et à mesure que vous explorez, l'art, la spiritualité, les sciences, les techniques, les philosophies, la métaphysique, vous comprenez. Vous comprenez que tout ca n'est pas très important car vous savez désormais que vous n'êtes qu'un petit humain et que les gens qui pensent réaliser de grandes choses ne sont qu'une petite perturbation cosmique de plus. Je rêve très souvent, de m'envoler et d'être un esprit intemporel, sans dimension, je connaitrais alors l'extase d'être entité pure. Je m'éloigne de l'humanité peu à peu, cela m'inquiète. Tout d'abord, les gens vous dégoutent, vous les évitez, vous les conspuez, vous les ignorez. Puis certaines de leurs productions vous dégoutent.
L'attrait du voyage ! Quel esprit éveillé aux choses du monde n'a pas ressenti cet appel vers des terres toujours plus lointaines et exotiques. Des temples thaïlandais, des sources chaudes islandaises, des villes brillantes comme milles diamants. Pour enfin fuir les goudrons mouvants de nos villes occidentales, nous regardons par-delà l'horizon et espérons prendre le prochain train, suivre le prochain trimardeur vers l'infini à portée de main, vers les longues descriptions, vers la rédemption de nos âmes rongées par l'angoisse et la tristesse. Nous appelons à combler le vide de nos identités par le mouvement. Bouge, bouge, bouge avant de ne plus être car bientôt il sera trop tard, et vous ne penserez plus.
Bouge et va voir cet homme, cette femme qui vit loin de toi sans savoir, sans voir et qui vit pourtant. Va le voir lui que personne n'écoute alors que ses ancêtres lui ont cédé la sagesse. Va le voir celui la qui pleure la nuit et qui erre dans les rues, va le voir prend le par le bras et emmène le avec toi dans tes voyages. Va les voir ces paysages qui ne s'occupent pas de toi, va les voir ces montagnes et ces désert qui ont résisté à l'homme et qui le tue encore.
Fuis toi et fuis ce qui t'as fais, deviens une autre personne. Regarde le hasard droit dans les yeux et montre lui que tu ne te laisseras pas faire, que tu es un fils des étoiles et que tu deviendra qui tu dois être.
J'ai dis plus haut que les gens et leurs productions commençaient à me dégouter, j'ai omis de préciser que je me dégoutais aussi, que je ne pouvais pas relire ce texte après l'avoir écris sans un petit pincement au cœur, d'être si pathétique. Je ne sens pas les mots, je ne ressens aucune magie, contrairement à ce que décrivent tout les écrivains une fois dans leur vie. Oh non, tout ce que je ressens à ce moment précis, c'est un impératif. Je me dois d'écrire, je me force à écrire, parce que, peut-être, je pourrais me lire un jour sans vomir.

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